Carnet d’un festivalier : jour 10  » Ce qu’on fait un jour, on peut, à plus forte raison, le faire tous les jours »

WALDSTILLE : “Je vais tout casser si vous touchez au fruit de mes entrailles”

Après 5 ans de prison un père tente de reprendre contact avec sa fille de 6 ans confiée à ses grands-parents maternels. Alors que sa belle famille lui est définitivement hostile, sa propre famille ne le soutient pas vraiment. C’est alors un enchaînement d’actes qui, à la fois, l’éloignent et le rapprochent de cette petite fille protégée « du squelette dans le placard »

ANNA’S LIFE : “J’emporterais dans ma valise mes échecs pour jouer et gagner”

Anna’s life se veut le premier volet d’une trilogie d’histoires de femmes. Contrairement aux habituels films géorgiens l’action se situe en ville et Nino BASILIA fait de son héroïne une citadine moderne affranchie des traditions. Partir travailler en Amérique est un rêve qu’elle veut voir devenir une réalité malgré toutes les embûches. C’est aussi un dilemme que de laisser son fils autiste.

HOUSTON WE HAVE A PROBLEM : “le complot c’est génial surtout quand il est mondial”

Ziga VIRC réussit au cinéma ce que Le Gorafi fait sur le net. Croire au Père Noël structure la réalité sociale. Sur cette base la conquête de l’espace, l’assassinat de Kennedy et les voitures Yugo pour le marché américains ne sont que des complots. Le documenteur : un nouveau genre qui a de l’avenir.

ENCLAVE : « les enfants de la guerre ne sont pas des enfants »

La guerre au Kosovo à hauteur d’enfant quand le sujet de la rédaction est  « Mon meilleur ami ». Un film excessivement touchant.

UN JOUR MON PRINCE : « Bercer mon cœur de ton sourire Plein de rêves et de souvenirs »

Carole : Il est temps pour les fées d’accélérer le mouvement : plus que quelques jours pour trouver le prince charmant qui va réveiller la belle au bois dormant. Blondine et Mélusine sont envoyées à Paris, ville de l’Amour, afin d’y trouver la perle rare qui sauvera le pays des contes de fées. Une comédie enjouée avec Catherine JACOB (Titania) et Pierre-François MARTIN-LAVAL (Le corbeau)

Joris : Une parenthèse enchantée avec des personnages féeriques, une histoire décalée dans un décor de conte. Flavia Coste nous montre qu’il faut encore croire à ses rêves et ne jamais oublier les fées et légendes. Une bulle d’air dans un monde difficile.

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NORM : « J’ai rêvé d’un autre monde »

Un ours blanc, Norm, va devoir sauver sa banquise d’un entrepreneur fou qui veut construire des maisons. Un beau message sur l’écologie mais pas vraiment sur le cinéma. Le graphisme, les décors et le scénario sont simplistes et n’apportent aucune originalité. C’est un simple divertissement à voir au coin du feu pendant la période de Noël.

Carole LECHEVIN et Joris NAESSENS pour Scarpe Ciné

Carnet d’un festivalier, jour 8 : Aimer signifie être disponible pour les miracles, pour les victoires et les défaites …

WE ARE NEVER ALONE : « On dort, les uns contre les autres. On vit, les uns avec les autres »

« Ceux qui ont peur de mourir ont peur de vivre ». Peter VACLAV nous dépeint le portrait d’une société tchèque en perte de repères. Un hypocondriaque, un gardien de prison qui prolonge chez lui ses réflexes de travail, une apprentie entraîneuse sur le tard et des enfants aux habitudes étranges. L’alternance couleur-noir et blanc permet au spectateur de mieux appréhender les changements de cap.

NIGHTLIFE : «Qu’as-tu fait John ? Qu’as-tu fait ? »

Tiré d’un fait divers qui a défrayé la chronique en Slovénie c’est une histoire glauque que nous présente Damjan KOZOLE. Un avocat est retrouvé mourant et nu sur un boulevard. Effets de mœurs particulières ou complot visant un avocat contesté ? Nous suivons son épouse entre hôpital et commissariat dans sa volonté de ne faire aucune publicité sur ce qui s’est réellement passé. Le pire est-il derrière nous ? 

ROUES LIBRES : « J’irai au bout de mes rêves. Tout au bout de mes rêves. »

Ce film hongrois d’Attila TILL, diplômé des beaux-arts avant de se lancer dans le long métrage nous plonge dans l’univers graphique de la B.D. prolongé dans le cinéma. Zoli et Bara rêvent leur vie en faisant de leur handicap une force en devenant les compères d’un tueur à gage en fauteuil. Le mélange des genres visuels apporte une inventivité qui permet le mélange du réel et de la fiction. 

LE VOYAGE AU GROENLAND : « Ça vaut pas la peine. De laisser ceux qu’on aime. Pour aller faire tourner. Des ballons sur son nez »

Thomas (Thomas BLANCHARD) et Thomas (Thomas SCIMECA) changent d’air : intermittents du spectacle, ils quittent Paris quelques temps pour le Groenland pour y retrouver le père de Thomas (celui avec le blouson bleu) qui s’est installé à Kullorsuaq, un village reculé, loin de tout. Nos deux compères, en plein dépaysement, découvrent les traditions Inuits (la chasse au phoque ou à l’ours, les spécialités culinaires). C’est frais.

BIENVENUE ! : « Et même s’il faut partir. Changer de terre ou de trace. »

Comment la Norvège gère-t-elle les migrants ? Rune DENSTAD LANGLO en tire une comédie humaniste, haute en couleurs (au sens propre comme au figuré). Un moment tendre et décapant qui fait du bien par où ça passe.

LES ENFANTS DE LA CHANCE :  » Allons enfants »

D’après une histoire vraie, l’histoire d’un jeune garçon qui a vécu la rafle de son lit d’hôpital. Un film réaliste avec une troupe d’enfants attachants qui nous livrent une prestation remarquable. Les enfants de la chance, une oeuvre à l’ambiance tendue avec des touches d’humour et de poésie.

CESSEZ-LE-FEU : Le silence de la douleur

Romain DURIS joue un ancien soldat de la Grande guerre traumatisé par ses blessures psychiques et physiques. Des tranchées aux villages d’Afrique, c’est l’histoire d’un homme qui essaye de se reconstruire avec son frère. Tous les deux deviennent des fantômes qui ont peur du passé et du présent. Cessez-le-feu est un film choc pour donner des images et mettre des mots sur la douleur. Un film aussi sur le souvenir et le langage. 

Carole LECHEVIN et Joris NAESSENS

Carnet d’un festivalier : Jour 7, Aimer est plus fort que d’être aimé

UNE VIE : « Tu m’as tout donné tu m’as tout repris je n’ai plus rien que le mal de toi »

Stéphane BRIZÉ adapte le roman de MAUPASSANT du point de vue de Jeanne (la sublime Judith CHEMLA à l’écran). 30 ans de la vie d’une femme, flashback sur les moments de bonheur. « Dieu déteste le péché de chair, mais encore plus le mensonge » lui dit son confesseur, elle qui est si intègre. C’est le constat douloureux de la fin des illusions. Portez attention à 3 beaux textes cités en off par Jeanne qui sont des ajouts du réalisateur (RONSARD, Marceline DESBORDES VALMORE mais aussi MAUPASSANT). Une belle distribution pour ce film en costume : Jean Pierre DARROUSSIN (Le Baron), Yolande MOREAU (La Baronne), Swann ARLAUD (Julien de LAMARE), Finnegan OLDFIELD (Paul à 20 ans), sans oublier l’abbé TOLBIAC (le confesseur) joué par le Père François Xavier LEDOUX.v__4bce1

OUVERT LA NUIT : « On s’aime pas mais on s’aime quand même »

Edouard BAER ne s’économise pas, à la fois devant et derrière la caméra, il présente Luigi (Edouard BAER), un directeur de théâtre, qui a une nuit pour sauver son spectacle. Le film s’ouvre sur Michel GALABRU et se termine par une chanson d’Alain SOUCHON écrite spécialement pour le film. Luigi a décrété La joie : pour aller d’un point A à un point B la ligne droite n’est pas SON plus court chemin. Il fait les choses, il crée les hasards : « Tous les jours je fais de la magie ». Quand il cherche un singe il google-ise « où trouver un singe ». Il ne ment jamais … il fait « juste des petites surprises ». A sa façon il aime Nawel (Audrey TAUTOU) qu’il traite d’une façon très singulière alors qu’elle veut le faire rentrer dans la réalité. Marcel (Grégory GADEBOIS), en tant que régisseur, lui impose la réalité créant le choc pour qu’il réagisse. Mais il est impossible d’aller contre cette machine débordant de bonne humeur qui refuse de voir les problèmes et c’est ce qui en fait sa force. Comme Faeza (Sabrina OUAZANI), la stagiaire Sc Po, nous sommes embarqués dans cette virée d’un borderline si attachiant qui illustre une forme de résilience bien sympathique.

Carole LECHEVIN pour Scarpe Ciné

Carnet d’un festivalier : Fenêtres sur le grand écran

Que le spectacle continue ! Malgré les événements tragiques de Paris, la lumière reste allumée au Arras Film Festival. Pour se changer les idées ou partager entre spectateurs, ce rendez-vous cinématographique interroge sur nos problématiques de notre société et c’est en même temps un immense terrain de jeu. L’Arras Film Festival ne va jamais s’arrêter.

Dofus ; Livre 1 Julith 

Les studios Ankama produisent leur premier long-métrage, Dofus. Le célèbre jeu vidéo met en scène des personnages très écrits et attachants. L’oeuvre est un hommage au cinéma d’animation traditionnelle et numérique. Le film plaira autant pour les jeunes joueurs que pour les adultes. Une fenêtre pour chacun qui redonne des belles couleurs à l’animation française.

The red spider : Fenêtre sur la fascination

Un jeune sportif (champion de plongeon) plonge dans la fascination pour un tueur en série. Inspiré de faits réels dans la Pologne de l’ère communiste, le rendu est troublant, glaçant. 

Thrist : Une fenêtre mystérieuse

Soif … l’eau ne pourra pas éteindre toutes les soifs de cette tragédie. De même que je n’ai toujours pas l’explication de cette mystérieuse fenêtre qui absorbe les personnages (l’enfant et sa poule …).

Virgin mountain : Une fenêtre de taille

C’est l’histoire tendre « d’un géant timide » qui grandit dans un monde qui n’est vraiment pas à sa taille. 

The culpable : Fenêtre ouverte sur notre conscience

« 15 ans d’amitié » : cela signifie-t-il que connaissions nos amis ? Malgré le secret de la confession d’un prêtre doit-il dénoncer ? Un drame intérieur se joue devant nos yeux. 

The fencer : Fenêtre sur les enfants

Comme si le festival nous proposait une suite à 1944. L’Estonie est sous le joug russe et sont considérés comme traître ceux qui ont été enrôlés dans l’armée allemande. Un escrimeur recherché devient le professeur d’une équipe d’enfants estoniens. Au-delà de l’amour de l’escrime qui taraude la scénariste Anna Heinämaa, ce sont ces enfants qui ouvrent les yeux sur un sport nouveau ou encore sur Leningrad à travers la fenêtre d’un train. D’après l’histoire vraie d’Endel Nelis. 

Home care : Fenêtre intérieure

Donner de son temps, de son énergie pour ses malades, ses proches, Vlasta sait le faire. Prendre du temps pour elle parce que la maladie la ronge est un long chemin intérieur qui passe aussi par les autres. Les mots ou les maux du corps. 

Carole Léchevin et Joris Naessens

Carnet d’un festivalier : De tous les sens

 

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas au Arras Film Festival. Après un week-end pétillant d’images, la semaine commence dans tous les sens. Aujourd’hui, Carole part en Islande et s’arrête dans une comédie à croquer. Dépaysement assuré pour deux avant-premières.

Béliers : L’Islande sans moutons ça n’a plus de sens

Sans trembler, deux frères, ennemis depuis 40 ans, devront s’unir dans l’adversité pour éviter la perte de l’ensemble de leur troupeau. De l’humour décalé qu’illustre l’expression « c’est fou le nombre de problème qu’on peut résoudre avec une pelle » avec une variante islandaise qui ajoute le godet agricole. Prix Un certain regard à Cannes en 2015. Sortie le 9 décembre. 

Le goût des merveilles : 5 sens en action

J’ai eu envie de goûter à ces gâteaux, de croquer à pleines dents, de faire des miettes. J’ai eu envie de tremper mon doigt dans le pot de miel. J’ai eu envie de sentir la lavande, sentir les gâteaux sortis du four. J’ai eu envie de toucher les arbres. J’ai eu envie, de moi aussi, entendre le bruit des abeilles. Tout ça parce que j’ai vu ce film. De l’aveu d’Eric Besnard, le réalisateur, ce film est sensoriel. Et maintenant encore je le ressens. « Inspiré par une fée réelle ». Merci pour toute cette poésie dans ce qui n’est pas qu’une comédie. Sortie le 16 décembre. 

Carole Lechevin